Une espèce de chauve-souris rare et remarquable
Comme toutes les espèces de chauve-souris, le Molosse de Cestoni, ou Tadarida teniotis pour les intimes, reste relativement mal connu et est victime de nombreux préjugés. Cela met bien souvent les individus en péril du fait de la crainte injustifiée qu’ils déclenchent chez de nombreuses personnes. Ils sont également victimes de l’urbanisation, de l’usage massif de pesticides, etc. Les populations déclinent donc de manière alarmante depuis plusieurs décennies. Cela est d’autant plus malheureux que les chauve-souris en plus d’être inoffensives pour les humains, sont également des espèces utiles, notamment de par leur rôle de régulateur des populations d’insectes. En effet, les chauve-souris de France métropolitaine sont toutes insectivores et chacune d’entre elles consomme près de la moitié de son poids en insectes chaque nuit !
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Dessins de François Desbordes (c)
Traits particuliers du Molosse de Cestoni
Il est pourtant placide et tient plus du hamster, puisque ses larges babines ne lui servent qu’à stocker des insectes lorsqu’il chasse !
D’origine tropicale, le Molosse n’hiberne pas réellement, il rentre dans une sorte de phase léthargique, mais émerge régulièrement dès qu’il fait doux.
Ce n’est pas le cas des autres espèces de chauve-souris, dont les cris d’écholocation sont inaudibles pour l’être humain !
La plus grande chauve-souris de France métropolitaine est la Grande noctule.
Écoutez les cris du Molosse de Cestoni
Les cris d’écholocalisation des chauve-souris sont perceptibles à l’aide de détecteurs/enregistreurs d’ultrasons.
Informations sur l'espèce
Sa face est très caractéristique avec le lobe de l’oreille pointé vers l’avant. La queue dépasse nettement de la membrane ailaire.
Le Molosse peut peser entre 25 à 50 grammes pour une envergure de 41 centimètres !
Le Molosse chasse principalement en altitude, généralement entre 30 et 300 mètres de haut, au-dessus des zones naturelles. Il s’accommode parfois des zones urbaines. En été il peut parcourir jusqu’à 100 km pour chasser, tandis qu’en hiver, lorsque le temps est doux et qu’il est de sortie, il ne s’éloigne pas à plus de 20 km de son gîte. Il a un vol puissant, qui lui permet d’atteindre les 65 km/h et est actif en moyenne pendant 6h30, ce qui est une vitesse record chez les chauves-souris européennes.
Essentiellement des Lépidoptères nocturnes ainsi que des Coléoptères.
Situé en hauteur (jusqu’à 40 m).
En effet, ses ailes plutôt étroites et son poids assez important lui offrent une faible portance, il a donc tendance à perdre de l’altitude à l’envol par rapport aux autres espèces, ce qui le pousse à choisir des gîtes éloignés du sol ! Dans les milieux naturel, le Molosse exploite souvent les mêmes fissures que le Martinet Alpin.
Protégée par l’arrêté du 23 avril 2007 fixant la liste des mammifères terrestres protégés sur l’ensemble du territoire, l’espèce est inscrite à l’annexe IV de la Directive européenne Habitats-Faune-Flore.
Les accouplements ont lieu à l’automne et au printemps, tandis que la mise-bas se fait de fin juin à fin août.
Les petits sont sevrés après 6 à 7 semaines.
Le Molosse de Cestoni peut vivre jusqu’à l’âge de 13 ans.
Le Molosse de Cestoni est la proie avérée de certains oiseaux nocturnes, tels le Grand-duc. Il peut également être la victime de certains animaux domestiques, notamment les chats. Les autres menaces sont liées à l’urbanisation et aux activités humaines, comme les parcs éoliens, l’aménagement de voies d’escalade (entrainant la purge des écailles rocheuses affectionnées par l’espèce ainsi que des dérangements), la rénovation des immeubles sans prise en compte de sa présence, la circulation automobile, etc.
Une histoire niçoise
Seul représentant de son genre en Europe, qui préfère les zones plus tropicales, le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis) se cantonne en France principalement au pourtour méditérranéen, du fait de son climat doux. Bien qu’affectionnant les milieux de falaises où il gîte dans des fissures rocheuses, le Molosse s’accommode aussi des zones urbaines, logeant alors dans des joints de dilation d’immeuble voir parfois dans des volets roulants. Ces habitats ne sont cependant pas sans danger pour lui, du fait de la proximité humaine et des interventions malencontreuses.
Récemment, plusieurs tragédies ont ainsi eu lieu à Nice. En 2009, une colonie d’environ 2 000 individus a été piégée dans une gouttière. Seules quatre chauve-souris y ont été retrouvées vivantes et avait été alors confiées à un centre de soin de la faune sauvage.
L’incident avait vraisemblablement été causé par une action de désinsectisation à proximité de leur gîte. Il semblerait que fuyant les émanations toxiques, elles seraient alors allées se réfugier dans cette gouttière, avant d’y périr, la sortie ayant été obstruée par des débris.
Un colocataire saisonnier
Si vous avez des Molosses chez vous, il ne resteront probablement que quelques mois, car ils ont besoins de gîtes aux températures spécifiques à chaque saison.
Un animal placide
Le Molosse de Cestoni est inoffensif pour l’humain. Il ne vous attaquera jamais, et en cas de rencontre il cherchera systématiquement à vous fuir. Il n’est ainsi susceptible de vous mordre que si vous l’attrapez. Son apparence de petit bouledogue est ainsi bien trompeuse puisqu’il tient plus du hamster : en effet ses larges babines ne lui servent en réalité qu’à stocker les insectes qu’il capture en vol !
Les chauves souris recherchent globalement des gîtes chauds en été pour la mise-bas et l’élevage de leurs jeunes. En effet ces derniers ne sont pas capable de réguler leur température corporelle à la naissance.
L’hiver, elles auront besoin de températures plus fraiches, stables et humides pour leur hibernation (léthargie chez le Molosse). Chaque espèce recherche des températures spécifiques, auxquelles son métabolisme est adapté pour dépenser un minimum d’énergie. Chez le Molosse cet optimal thermique se situe autour de 10°C. C’est en effet à cette température que son métabolisme lui permet de rentrer en léthargie avec un coût métabolique raisonnable, des températures plus basses le forçant à entrer en thermogenèse (Arlettaz et al., 2000).